Sud tunisien

La région du Sud tunisien débute au sud de la ligne que l’on pourrait tracer entre les villes de Gafsa et de Gabès. Contrée très aride et carrément désertique (plus on s’avance vers le sud, au-delà du 34e parallèle), cette région possède néanmoins beaucoup d’attraits et de sites naturels fort spectaculaires.

Paradoxalement, bien que ce coin de pays de sable et de soleil ardent soit très peu peuplé, les gens ayant quitté ce climat hostile afi n de gagner les grandes villes de la côte pour chercher du travail, l’industrie touristique s’y développe à une vitesse folle. Les villes et les villages de
Tozeur, de Nefta, de Douz ou de Matmata sont désormais tournés vers le tourisme, et le nombre d’établissements hôteliers ne cesse de croître.

Juste retour des choses, diront certains, car le tourisme en Tunisie a d’abord commencé dans cette région au début du XXe siècle, alors que de riches voyageurs venaient y jouer les grands explorateurs. Les mots oasis, dunes et Sahara exercent, encore aujourd’hui, une fascination certaine chez les touristes venus du froid. Le Sud tunisien a également l’avantage d’offrir un doux climat tempéré durant les mois de décembre, janvier et février, mois les plus froids le long de la côte et dans le nord du pays.

Pays d’oasis et royaume du palmier dattier, le Sud tunisien ne se résume pas uniquement au désert. À en juger par l’aménagement des célèbres oasis de Tozeur et de Nefta, véritables petits bijoux d’exotisme agencés d’élégantes palmeraies, les habitants du Sud ont merveilleusement su s’accommoder de l’aridité du climat. Une cinquantaine de kilomètres plus au nord, les oasis de Chebika, de Tamerza et de Midès se font montagneuses, à près de 900 m d’altitude. Éperons rocheux, dénivelés affolants, gorges profondes et points de vue sublimes font de ces oasis des sites incontournables.

Autour des oasis et du 34e parallèle s’étendent les chotts el-Gharsa, El Djerid et el-Fejaj. Les chotts forment en fait d’immenses lacs salés quasi asséchés durant l’été et recouverts, en partie seulement, d’eau saumâtre en hiver et au printemps. La plus vaste de ces étendues demeure celle du chott El Djerid, qui mesurent environ 150 km
de long sur près de 75 km de large. Cette gigantesque dépression, constituée d’une couche de sel, offre un spectacle inoubliable. L’éclatante blancheur qui se dégage de l’horizon fait miroiter des palmeraies, des oasis et d’autres formes fictives. Chaleur suffocante, regard perdu dans l’immensité, refl ets magiques, ici tout concorde afin que les fabuleux mirages se transforment en souvenirs impérissables.

Au sud des chotts, et particulièrement dans la région de Douz, s’ouvre la «Porte du désert». Magnifi ques dunes aux allures de croissants (barkhanes), massifs arrondis et sableux, pays du dromadaire et du véhicule à quatre roues motrices, le Sahara tunisien porte ici le nom de Grand Erg oriental. Dépaysement garanti: le visiteur trouve ici tous les décors qu’il s’était imaginé du désert. Par contre, par sa situation géographique, le Grand Erg oriental devient littéralement une fournaise durant les mois d’été, et le touriste doit bien s’informer au préalable des conseils de sécurité à suivre avant d’explorer ces panoramas mystiques.

À l’est du désert et au sud de la ville de Gabès surgissent les montagnes de la chaîne du djebel Dahar, dont l’altitude varie entre 300 m et 700 m. Également dénommée «monts des Ksour», cette région abrite des paysages lunaires et des villages plus intrigants les uns que les autres. Ainsi, dans la région de Matmata (Haddej, Téchine, etc.), les habitations troglodytiques épousent la forme d’un cratère, car il faut d’abord descendre dans la cour, située à plusieurs mètres dans le sol, pour ensuite découvrir les différentes pièces de la maison qui s’ordonnent tout autour. C’est ainsi que, sans avoir recours à des matériaux de construction, à l’abri des envahisseurs potentiels et des chaleurs torrides, les habitants de ces demeures y survivaient habilement jusqu’au début des années 1960. Au début de cette décennie, le président Bourguiba fi t construire la Nouvelle Matmata, jugeant ce mode de vie traditionnel indigne d’une
Tunisie résolument tournée vers la modernité!

Plus au sud encore, dans la région de Medenine, on peut observer des ghorfa, ces constructions qui servaient principalement à l’entreposage des denrées locales et parfois d’habitations de fortune. Comptant de quatre à six étages, les ghorfas sont faites de terre séchée et disposées côte à côte, formant ainsi un ensemble de petites pièces comprenant chacune une porte d’entrée. Toujours en direction sud, aux alentours de la petite ville de Tataouine, on découvre les plus beaux exemples de villages fortifiés, dénommés ksour (pluriel de «ksar»). Ksar Ouled Debbab, Ksar Bou Ziri ou
Ksar Ouled Soltane sont des noms qui à eux seuls évoquent, pour le voyageur enquête de dépaysement, les us et coutumes des populations berbères. D’autres villages sont, pour leur part, accrochés aux fl ancs d’une montagne et offrent de superbes points de vue sur la région. C’est notamment le cas du village de Chenini, l’un des seuls endroits encore habités par des Berbères, et de Douiret, qui surplombe une splendide vallée.

Enfi n, près de la côte méditerranéenne, s’étire fièrement l’île de Djerba, l’un des fleurons du tourisme tunisien. Prolongement naturel de la basse steppe, l’île de Djerba et la région de Zarzis permettent encore l’oléiculture à quelques pas d’un désert étouffant.
Surnommée à juste titre «la douce», l’île de Djerba, dont la superficie dépasse à peine 500 km2, est habitée en grande majorité par des Berbères. Ces derniers vivent dans ce qu’on appelle des menzel, sorte de fermes agricoles au centre desquelles est érigée la houch (maison) aux allures de forteresse carrée. La vie économique de l’île s’active évidemment autour du tourisme, mais les habitants comptent également sur l’agriculture, la pêche et l’artisanat.

En se déplaçant sur l’île, qui fait 25 km de longueur sur 22 km de largeur, il est agréable de constater que les nombreux palmiers, oliviers, fi guiers, orangers, abricotiers et vignes en ponctuent le relief presque plat. À ce décor, il faut ajouter les plages paradisiaques qui s’étendent le long de la côte orientale, là où se regroupe la majorité des établissements hôteliers de l’île. Si Djerba tout entière ne devint pas un jardin d’Eden, c’est que l’eau douce y est extrêmement rare, voire quasi inexistante.

Afin de remédier à ce problème, on y a construit une canalisation le long de la chaussée romaine (7 km) qui relie l’île au continent, de manière à y acheminer l’eau potable.